L’organisation étudiante déplore une excessive concentration des dépenses de matériel en tout début de cursus, et note d’importantes disparités entre les facultés. Elle propose des pistes d’amélioration : marché de l’occasion ; rationalisation et mutualisation des frais d’équipement.
Le coût du matériel, source d’inégalités entre les facultés
3 408 €. Telle est le montant global, « en augmentation régulière depuis de nombreuses années » selon l’UNECD, que devra débourser en moyenne un étudiant de deuxième année au mois de septembre 2020 – frais de vie courante et frais spécifiques de rentrée compris.
Sur cette somme, 1 079 € seront alloués aux dépenses d’équipement en matériel dentaire – 1537 € sur la totalité des études. C’est donc dès l’entrée en deuxième année que se concentrent les deux tiers des coûts de matériel.
En effet, particularité de la filière dentaire, les futurs praticiens doivent disposer dès le début de leur cursus d’une mallette – de composition variable selon les UFR – comprenant gants, blouses, consommables divers et variés, sondes, coffrets de fraises, contre-angles, turbines, lampe à polymériser…
Or, ces charges d’équipement peuvent varier du simple au triple. Le rapport de l’UNECD fait apparaître une grande hétérogénéité entre les facultés : « Cette moyenne cache une importante disparité entre les 260 € que déboursent les étudiants de la faculté de chirurgie dentaire de Paris V et les 3 300 € que déboursent les étudiants en odontologie de Lille [ dont 2 667 € en DFGSO2 ]. » Des différences qui s’expliquent par la quantité de matériel à acheter, « qui varie énormément d’une faculté à l’autre, mais aussi par la quantité de travaux pratiques réalisés tout au long de l’année ».
L’organisation étudiante déplore ces inégalités et demande la généralisation des systèmes d’aides pour les étudiants boursiers. Par ailleurs, si douze UFR sur seize ont bien prévu des dispositifs pour alléger la facture de matériel des bénéficiaires de bourses, avec une économie moyenne de 894 €, l’UNECD s’inquiète d’un effet de seuil défavorable aux personnes issues d’un foyer modeste mais non éligibles aux aides sur critères sociaux, qui se retrouvent « en difficulté pour avancer la totalité des frais ».
« Ne pas concentrer la pression financière au début des études »
L’association représentative des étudiants en chirurgie dentaire milite pour une rationalisation des frais d’équipement, « plusieurs facultés imposent l’achat de blouses brodées au nom de l’étudiant pour les travaux pratiques, alors qu’une blouse simple avec un badge ou une étiquette thermocollante pourrait faire économiser plusieurs dizaines d’euros. De même, l’achat d’un articulateur avec arc facial dès le premier cycle pour réaliser seulement quelques séances de travaux pratiques dans l’année pour certaines facultés pourrait-être remplacé par un pool d’articulateurs utilisables d’années en années. Il est nécessaire d’étaler au maximum les dépenses obligatoires sur l’ensemble du cursus afin de ne pas concentrer la pression financière au début des études.»
L’UNECD plaide également pour le développement d’un marché de l’occasion à destination des nouveaux arrivants de deuxième année : « Ce système pourrait faire intervenir les corporations étudiantes locales, qui s’occupent de racheter le matériel d’anciens étudiants afin de le revendre au même prix. La création d’une “bourse à l’équipement” peut aussi être envisagée en début d’année universitaire. »
Autre préconisation : mutualiser les commandes entre facultés afin de faire baisser les coûts de production. « De nombreuses facultés commandent du matériel souvent très similaire au même fournisseur. On peut citer les kits de fraises, très semblables d’une faculté à l’autre et pouvant facilement être commandés en grandes quantités », indique l’organisation étudiante qui encourage à la démocratisation de ces dispositifs. Certains UFR se sont déjà engagés sur cette voie en prenant à leur charge « l’achat de matériel onéreux tel que les contre-angles, pièces à main et turbines afin de les prêter aux étudiants durant leur formation. »
L’UNECD revendique depuis sa création la gratuité complète du matériel pédagogique pour les étudiants en chirurgie-dentaire, qualifiant cette charge de « droits d’inscription déguisés ».
« Tordons le cou de suite aux idées reçues : les études de chirurgie dentaire ne sont pas gratuites car sur les 60 000 € que représentent six ans d’études à l’université, l’étudiant financera de son côté 70 000 € supplémentaires, en loyers, assurances, matériel, et frais courants durant son cursus », conclut Ewen Le Drast, président de l’UNECD – Les étudiants en chirurgie dentaire.
Cliquez ici pour télécharger le dossier complet sur le site de l’UNECD.
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