Le mépris, personne n’y échappe. Mais souvent on ne sait expliquer trop pourquoi on s’est tout à coup mis sur le mode mépris. On sait pourquoi on peut être amené à haïr quelqu’un, mais il est plus difficile d’exposer les raisons pour lesquelles on méprise un individu. La haine, elle, est entière, claire, franche, le mépris peut être plus « subtil », complexe, en tout cas ambigu et ambivalent.

Le mépris est tout d’abord le fait de considérer quelque chose comme ne méritant pas l’intérêt, c’est l’autre mot pour dire l’indifférence marquée. Mais pour mépriser une chose, on lui a d’abord suffisamment prêté attention pour la considérer comme indigne… Se débarrasser de ce sentiment est plus facile à dire qu’à faire… Le religieux reclus dans son monastère n’est sans doute pas imperméable au mépris, même s’il a réussi à s’en détacher. Le mépris que ses contemporains ont pour certaines catégories d’humains s’est chez lui changé en amour, ou en bienveillance. Mais ne méprise-t-il pas par contre le monde, au travers de ses superficialités, ses vanités ?

Bien difficile donc d’échapper au mépris, surtout quand on est acteur engagé dans la vie sociale ou politique. Dans ce cas on fait valoir des positions, on défend des convictions, en critiquant certaines situations sociales ou économiques vécues dans notre société. On touche ici à un autre sens du mot mépris qui conduit à considérer quelque chose comme indigne d’estime et qui va même jusqu’à susciter le dégoût.

Prenons une situation banale de la vie : occupé à faire ses courses dans un grand magasin, on peut être agacé jusqu’au mépris par l’attitude des agents de sécurité dont le regard soupçonneux se concentre sur nous par hasard. On ne les pense pas inutiles : c’est leur métier que de prévenir le vol à l’étalage, mais ils nous mettent, involontairement, dans cette position du client sur lequel peut planer la suspicion. Le même scénario se répète dans d’autres contextes. Certains ne supportent pas les guichets administratifs, soit parce qu’ils méprisent les lenteurs du système, soit parce qu’ils se voient, dans cette circonstance de la vie, comme un simple numéro de dossier, dépourvu d’affect et d’humanité.

Que méprise-t-on le plus ?

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