Inculquez à votre équipe la discipline préventive

En tant que chirurgien-dentiste, il est de « votre responsabilité » d’éviter toute contamination au cabinet, martèle le Dr Christian Winkelmann, vice-président de l’ONCD et président du pôle « Patients », que la contamination soit directe (infection contractée lors d’un contact entre le praticien et le patient), ou indirecte (infection croisée, si des dispositifs médicaux souillés sont utilisés lors d’un soin). Le conseiller ordinal rappelle donc que « le personnel doit être formé par le praticien pour respecter les...

consignes » , soit les recommandations en matière d’hygiène, d’asepsie et de gestion des déchets au cabinet dentaire. L’ONCD et la Direction générale de la santé (DGS) les mentionnent dans 7 fiches, très didactiques : la désinfection des mains par friction avec un produit hydro-alcoolique ; les précautions standard, les mesures d’hygiène de base à appliquer par tous les praticiens et leurs assistant(e)s et pour tous les patients ; la conduite à tenir en cas d’accident d’exposition au sang ou aux liquides biologiques ; la gestion des déchets d’activités de soins ; la stérilisation ; le traitement des dispositifs médicaux ; la désinfection chirurgicale des mains. Ces règles valent pour tout patient.

Pour le Dr P.A, « l’équipe doit considérer que chaque patient est un malade potentiel. Moi je les considérais tous comme sidéens. Partant de ce principe, on prend toutes les précautions nécessaires, quelle que soit la personne. Je pense que c’est acquis au sein de la profession ». Acquis ou pas, ça va mieux en le répétant. N’hésitez pas à rabâcher ces consignes. Vous pouvez aussi les afficher : « Moi je les mettais dans ma salle de stérilisation » , se souvient le Dr Winkelmann.

Informez vos patients des risques

Vous êtes en première ligne dans la prévention des infections sexuellement transmissibles. C’est à vous qu’il revient de communiquer auprès des patients sur le risque de contamination orale ; de diffuser l’idée que la bouche peut être victime et vectrice d’IST ; de lutter contre la « banalisation des actes », du fait des avancées de la médecine ; de faire « reculer les idées stupides, telles que la fellation n’est pas un acte de pénétration, que ce n’est ni tromper ni faire l’amour, qu’il n’y a pas de risque », si elle prodiguée sans préservatif, affirme le Dr M.B, omnipraticien en libéral et sexologue au CHU de Rouen, passablement agacée par ce discours. Elle fait remarquer: « Le préservatif, c’est un choix. Les gens le mettent ou pas, ils font ce qu’ils veulent, mais il y aura des conséquences, c’est tout. C’est comme le ski hors-piste. Vous êtes libre de vous y adonner, mais ce n’est pas sans danger. » Comment prémunir vos patients ? « Travaillez en amont » , via la prévention, conseille l’omnipraticienne, aussi présidente du Conseil régional de l’Ordre des chirurgiens-dentistes de Haute-Normandie. Elle est pour la « franchise dans le dialogue », avise « d’oser », de « mettre les pieds dans le plat ». Quand le cas semble à risque, elle n’hésite pas à faire entendre le risque de contamination et à donner le conseil du préservatif systématique, balayant le commentaire « ça a le goût du caoutchouc » d’un revers de main, en évoquant les différentes saveurs existantes. Évidemment, souligne-t-elle, le message doit être adapté à chacun, car « en dentaire comme en sexo, chaque patient est différent » .

Enfin, n’hésitez pas à saisir les opportunités : « C’est par exemple lors des bilans bucco-dentaires effectués à 18 et 24 ans qu’il faut parler de préservatif ! » pour le Dr B, qui souhaiterait que les chirurgiens-dentistes, à l’instar des médecins généralistes, prescrivent ce petit bout de latex.

Pour lire l’intégralité de cet article Solutions Cabinet dentaire n°15, consultez nos archives

Cet article est réservé aux abonnés.