Organiser son exercice en journée continue répond à de bonnes pratiques à connaître : mode d’emploi.

Selon le Code du travail, une pause de 20 minutes est obligatoire au bout de 6 heures de travail effectuées. Cette pause peut être située avant que cette durée de 6 heures ne soit entièrement écoulée. Attention, ce droit à une pause de 20 minutes consécutives est dû, et ce, même si l’employeur octroie des pauses de durée inférieure en cours de journée.

Elle rentre chez elle tôt. À 17 h. Pourtant, le Dr Nathalie D. a derrière elle une journée de huit heures d’exercice. « J’ai fait le choix de travailler en journée continue, de 8 h à 16 h 30 quasiment sans interruption. Je prends seulement 20 minutes pour le déjeuner. Je me sens gagnante sur tous les tableaux. La circulation est plus fluide, je ne perds pas de temps, je reçois mes patients à des horaires qui les arrangent, tôt le matin ou durant leur pause déjeuner. » Voilà plus de vingt ans que cette praticienne installée à Antibes (Alpes-Maritimes) a adopté ce rythme. Auparavant, elle a connu les fermetures de cabinet tardives et les retours à la maison à 20 h avec une longue pause méridienne. « Mais à quoi bon ? Aujourd’hui, je choisis mon organisation, je tiens mon planning d’une main ferme pour rester ponctuelle et je m’assure des créneaux suffisamment larges (30 minutes) pour avoir le temps de gérer les imprévus. Autrement, le moindre grain de sable vient gripper la machine. »

La...

journée continue exige une véritable stratégie pour rester à la fois maître de son temps sans être trahi par son corps !

Attention au risque d’épuisement

D’autres praticiens en revanche peinent à trouver leurs marques et semblent s’épuiser au fil des heures. « C’est simple, de 8 h 30 à 18 h, j’ai l’impression de courir sans pouvoir m’arrêter pour reprendre mon souffle. Je tiens ce rythme seulement quatre jours par semaine, mais cette cadence me fatigue tellement qu’il me faut les trois autres jours pour m’en remettre… » Voilà en deux phrases comment le Dr A. décrit ses journées. Depuis trois ans, il a opté pour un travail en journée continue afin de se libérer davantage de temps libre. Une option qu’il regrette quelque peu. « Nous n’avons aucune organisation précise, nous misons sur les trous dans l’agenda ou l’absence imprévue d’un patient, pour prendre une vraie pause. » Pour se restaurer, il mange sur le pouce des sandwichs achetés le matin dans l’épicerie voisine et a un stock de barres énergétiques dans un placard pour se donner un coup de fouet vers 17 h. Voici quelques conseils pour établir une véritable stratégie et rester maître de son temps (et de son corps).

Fractionner ses apports alimentaires

Tenter de sauter des repas est contre-productif sur le long terme. L’organisme va stocker pour anticiper les carences.

Pour la diététicienne-nutritionniste Aurélie Maurer, « il faut apprendre à fractionner ses repas. L’idée est de raisonner à l’échelle d’une journée et de diviser ses apports alimentaires ». La spécialiste basée à Clermont-Ferrand reçoit régulièrement des cadres et des travailleurs indépendants soucieux de conserver une bonne alimentation en dépit de leur manque de temps pour s’accorder une vraie pause déjeuner. « Avant tout, rappelons que les apports énergétiques doivent être calculés en fonction de l’activité de la personne. Soulignons également que chaque individu a un métabolisme différent et peut donc bénéficier d’un régime personnalisé. » Même lorsqu’on travaille en journée continue, il est possible de maintenir une alimentation équilibrée, condition sine qua non de la préservation de ses capacités physiques et intellectuelles durant plusieurs heures consécutives. « Tout doit commencer par un bon petit-déjeuner avec une boisson, des glucides (pain, céréales, banane, etc.) afin d’avoir un apport énergétique de longue durée. Il est bon d’associer plusieurs types d’aliments pour ralentir le processus de digestion et prolonger la sensation de satiété. Avec, par exemple, un produit laitier, des fruits frais ou des oléagineux », précise la professionnelle de l’alimentation.

Les collations comme alliées

Vous avez décidé de passer en journée continue, c’est sûr… Désormais il s’agit de l’annoncer à votre équipe et de l’accompagner dans ce changement. S’il n’y a sans doute pas de recette magique (et surtout unique !) pour annoncer un changement la démarche pour informer vos collaborateurs est importante.

  1. Faire son examen de conscience (il s’agit d’être soi-même convaincu)

  2. Admettre la possibilité que cela ne va pas remporter l’adhésion immédiate (rappelez-vous votre propre cheminement et vos doutes éventuels)

  3. Respecter une première étape d’expression des émotions (même si vous ne comptez pas changer d’avis)

  4. Donner un cadre clair

  5. 5/ Exposer les inconvénients potentiels ainsi que les avantages

  6. Écouter les suggestions

Si le temps de la pause déjeuner (même courte) est programmé tardivement, à 14 h par exemple, il est important de penser à prendre une collation en milieu de matinée. « Toujours en associant deux aliments, du chocolat noir et une banane, des féculents et du fromage, etc. Si au contraire le déjeuner est pris tôt, par exemple vers 11 h, il faudra tenir jusqu’au soir. La collation sera donc plus utile en milieu d’après-midi. Les barres énergétiques ne sont pas intéressantes nutritionnellement car elles affichent un index glycémique élevé. En revanche, ils existent des barres céréalières très peu transformées et composées d’au moins 50 % de céréales, qui peuvent être utiles. » Ces collations permettent de ne pas surcharger (en un temps minimal !) le déjeuner ce qui ferait subir (à coup sûr) une baisse d’énergie liée à la digestion. Pour Aurélie Maurer, tenter de sauter des repas est contre-productif sur le long terme. « J’observe souvent des patients qui ne ressentent plus la faim car ils n’ont plus de repères, leur corps ne parvient plus à analyser les signaux. Autre récurrence, une prise de poids chez certaines personnes même lorsqu’elles diminuent leurs apports alimentaires. L’organisme va adopter une stratégie de stockage pour anticiper les carences. » Quand vient l’heure du dîner, privilégiez tout ce que vous n’avez pas mangé dans la journée, légumes cuits et crus, aliments protéinés, etc. Et là encore, observez-vous. Si vous ressentez une faim incontrôlable, c’est peut-être le signe d’une trop faible collation dans l’après-midi. Concernant l’hydratation, optez pour des apports réguliers et évitez de boire pendant les repas afin de ne pas remplir votre estomac, « par exemple avec une bouteille d’eau placée sur son bureau que l’on retrouve entre deux patients. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des apports hydriques. L’objectif est de se donner envie de boire, même si c’est avec des cafés, des thés ou des sirops. »

Évacuez le stress accumulé

Quand faire une pause ?
« Si on en ressent

le besoin, c’est qu’il est

déjà trop tard. »

K. Aufrère, sophrologue


Les fruits secs pour des collations saines

Mines de nutriments, de fibres et d’oligo-éléments, les fruits secs sont des réserves d’énergie profitables, tout au long de la journée. Ils favorisent la satiété et offrent une pause saine… Concentrés en acides gras, ils sont riches en fibres et protéines, oligo-éléments et minéraux. 25 g. de noisettes couvrent plus de 40 % du besoin quotidien en vitamine E ; 30 g. de pistaches couvrent environ 10 % des besoins quotidiens en fibres.


Karine Aufrère, sophrologue clermontoise, confirme que « le fonctionnement en journée continue peut être générateur de stress, de tensions et engendre l’apparition de TMS (troubles musculosquelettiques) ». Toutefois, ce mode d’organisation constitue un vrai choix de vie. « Dès lors, la journée doit être ponctuée de pauses efficaces. Des exercices de respiration, de concentration ou d’imagination permettent de ne pas se faire dépasser par son rythme et surtout, de ne pas se faire gagner par le stress du patient. » La première question est alors : quand faire une pause ? « À chacun de le décider, mais une chose est certaine, si on en ressent le besoin, c’est qu’il est déjà trop tard. Il faut avoir en tête que même une courte pause entre deux patients reste très bénéfique. Ne serait-ce qu’avec une maîtrise de sa respiration. L’oxygénation du corps permet de mettre le cerveau au repos et de détendre les muscles. » La praticienne rappelle que le cerveau ne fait pas la distinction entre la réalité et l’imaginaire. D’où l’idée de le duper avec des visualisations positives le temps de quelques secondes qui vous apporteront sérénité et bien-être (voir encadré ci-contre pour de mini-pauses ressourçantes).

Mines de nutriments, de fibres et d’oligo-éléments, les fruits secs sont des réserves d’énergie profitables, tout au long de la journée. Ils favorisent la satiété et offrent une pause saine… Concentrés en acides gras, ils sont riches en fibres et protéines, oligo-éléments et minéraux. 25 g. de noisettes couvrent plus de 40 % du besoin quotidien en vitamine E ; 30 g. de pistaches couvrent environ 10 % des besoins quotidiens en fibres.

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