La pratique conservatrice tend à repenser la place de la dévitalisation au sein de l’arsenal thérapeutique. Nous montrerons au travers d’un cas clinique un traitement alternatif face aux symptômes pulpaires.

I. INTRODUCTION

L’exercice conservateur assure la pérennité de la fonction masticatrice en préservant l’intégrité des tissus de l’organe dentaire et des tissus parodontaux. Il replace le capital santé au milieu de la balance bénéfice/risque qui guide les choix thérapeutiques du chirurgien-dentiste.

Pascal Magne et Besler nous proposent en 2003 un «  puzzle physiologique » ; dans lequel ils schématisent les interconnexions indissociables des différents axes de travail du chirurgien-dentiste. Ils soulignent notamment l’aspect fon-damental de la préservation tissulaire au sein de l’impératif biologique.
Dans les contrats fournis par l’ONCD, il est mentionné que « le praticien apportera aux dits soins et travaux toute l’attention désirable ». La question du capital santé se pose dans ce qui est « désirable ». Aussi, la pratique conservatrice tend à repenser la place de la dévitalisation au sein de l’arsenal thérapeutique. Le praticien sera ainsi capable de limiter la progression de l’apoptose dentaire en choisissant de conserver la vitalité pulpaire.  Nous définissons ici une philosophie de traitement empathique influant sur la prise en charge de nos patients. La santé orale définissant la santé globale, cet article souligne un enjeu de santé publique. C’est une évolution de la dentisterie face aux anciens paradigmes.

II LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE INITIAL

Le traitement endodontique initial peut être une thérapeutique pérenne lorsqu’il est mené en suivant les protocoles dogmatiques. Cependant, la littérature scientifique rapporte qu’une part significative des dents dévitalisées seront avulsées au cours de la vie des patients. Une étude prospective suédoise montre un taux de survie des dents dévitalisées de 90  % à 5-6 ans mais qui chute à 65 %, dont un tiers avec une image apicale, sur 20 ans. La dévitalisation est un acte conséquent, directement responsable de la diminution du coefficient masticatoire. L’endodontie est une discipline complexe avec une absence d’obligation de résultats thérapeutiques. Elle peut rendre l’organe dentaire fragile avec un pronostic réservé à travers l’apparition d’infections apicales ou encore de fractures imposant son avulsion.

III QUELLE ALTERNATIVE CONSERVATRICE FACE AUX SYMPTÔMES PULPAIRES ?

La conservation du tissu pulpaire est devenue plus aisée avec l’apparition sur le marché d’un nouveau produit : la Biodentine, un ciment bioactif « favorisant la reminéralisation et la cicatrisation de la pulpe ». Une revue de la littérature met en valeur les propriétés mécaniques du biomatériau comme étant adaptées à l’utilisation d’un substitut dentinaire.

La Biodentine se révèle être un outil prédictible permettant à terme une meilleure conservation de l’organe dentaire. La sensibilisation de notre patientèle à cette nouvelle pratique repose sur son consentement à travers une information adaptée. Notre devoir est de communiquer sur les différents pronostics que réservent la conservation de la vitalité pulpaire ou la dévitalisation. Un de-vis doit accompagner le consentement éclairé précisant que cet acte n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. Le coiffage pulpaire est codifié dans la nomenclature CCAM à travers le code : HBFD010. Il est aussi nécessaire d’informer le patient sur le risque d’échec de la cicatrisation pulpaire et de prendre la décision en conséquence.

La mise en œuvre au cabinet doit être approchée de façon consciente, tant pour le chirurgien-dentiste que pour la patientèle. En effet, choisir de garder une dent vivante implique un temps de communication avec le patient et de pouvoir le revoir en urgence malgré un agenda plein. Pour le patient, c’est accepter une capitalisation à long terme pouvant ne pas résoudre immédiatement le motif de sa consultation.

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