L’implantologie est une discipline en constante évolution. La littérature décrit aujourd’hui comme une alternative implantaire comparables à ceux des traitements différés, les réhabilitations implantaires complètes au maxilaire, à la mandibule ou des deux ensemble, qui tirent parti du temps opératoire des extractions pour associer la pose immédiate des implants à leur mise en charge [1–10]. Toutefois dans ces études, les différents types de solutions prothétiques [11] ne sont pas vraiment mis en avant. La solution prothétique la plus observée pour ces réhabilitations
implantaires est le PF3 avec gencives artificielles : solutions décrites dans
la classification prothétique [11] de Carl E. Misch ; (Fig.2).

Ces PF3 répondent plus aux exigences esthétiques qu’à la pérennité des traitements. Certaines études suggèrent que des facteurs locaux tels que l’accessibilité à l’hygiène buccale sur les sites implantés semblent être en lien avec la présence ou l’absence de péri-implantite [12]. Dans les réhabilitations PF3, la partie rose artificielle compense les pertes tissulaires et assure le soutien labial et jugal. Elle pourrait dans certaines situations de compensation excessive compliquer l’accès à l’hygiène comparée aux PF1 et ainsi entraîner un contrôle de plaque inadéquat ; (Fig.3). Un nombre significatif de complications telles que les mucosites et les péri-implantites, pourrait alors trouver une origine autre que la motivation du patient. Dans ces conditions, l’indication d’un RP4 ; (Fig.2), overdenture supportée complètement par des implants sans appui muqueux serait privilégiée par rapport au PF3 car, du fait qu’il soit amovible, l’hygiène y est rendue possible. Parallèlement, ce RP4 semble apparaître peu attrayant auprès de certains patients.

Par contre, réaliser un PF1 en procédant à une compensation chirurgicale plutôt que prothétique supprimerait les inconvénients des PF3 et RP4, tout en conservant leurs avantages [13]. En effet, à condition de pouvoir l’obtenir, le PF1 favorise, chez les patients motivés, l’accessibilité aux zones à risques pour augmenter les chances d’une meilleure longévité de leurs restaurations implantaires tout en tenant compte de l’aspect esthétique.

Cet article a pour objectif de montrer que la solution prothétique PF1 pourrait devenir une alternative aux PF3 ou RP4 pour des patients dont la situation dentaire est dégradée au point d’envisager l’avulsion des dents restantes, même lors de parodontites en phase terminale comme en a bénéficié Antonio ; (Fig.1a, b, c, d, e, f, g, h).
Une double planification a rendu possible l’obtention de PF1 à l’aide d’un guidage prothétique pratiqué pour chacune des étapes du protocole. Cette double planification consiste à planifier, en concordance avec la planification des implants, une architecture tissulaire avec des profils d’émergence correspondant à un PF1, avant la fabrication du bridge provisoire ; (Fig.4a et Fig. 8a, b, c). Ainsi, elle modélise les volumes gingivaux recherchés qui créent les profils d’émergence autour et entre les implants qui vont servir de socle à la fabrication d’une restauration provisoire immédiate fixe. Cette dernière, une fois fabriquée, contient dans son intrados toutes les informations en négatif de l’architecture tissulaire recherchée. Le bridge provisoire ainsi obtenu sert de guidage pour la mise en place des biomatériaux et l’adaptation des tissus mous lors de la fermeture en fin d’intervention. La fiabilité de ce guidage prothétique tissulaire planifié en mode PF1 et sa reproductibilité ont été confirmées par une étude sur 15 patients que révèle cette publication.

Cette étude rétrospective a été réalisée dans le cadre de la pratique privée du Docteur J.-L. Zadikian. Pour être admis dans l’étude, le patient devait présenter l’indication d’extraction des dents restantes sur l’arcade supérieure ou sur les deux arcades dans le but de bénéficier d’une réhabilitation avec implantations et mise en charge immédiate au maxillaire ou sur les deux arcades lors d’une même session selon le protocole décrit au paragraphe d. Ce traitement avait été choisi par les 15 patients comme alternative au traitement conventionnel qui leur avait été proposé. Ils ont donc tous été exonérés du port d’une prothèse complète amovible provisoire post-extractionnelle durant la période de temporisation.
Les dents condamnées pouvaient être atteintes de parodontites apicales et/ou de maladies parodontales sévères et généralisées. Quelles que soient leurs situations parodontales, aucune thérapeutique initiale n’était réalisée avant extractions. Les six mois de cicatrisation avaient été mis à profit pour un suivi et une éducation à l’hygiène orale. Les patients étaient avisés que la phase prothétique d’usage ne pourrait débuter que si leur contrôle d’hygiène était satisfaisant. Ces informations ont été formalisées à tous les patients et tous devaient avoir accepté cette procédure.
 

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