Le protocole de mise en charge conventionnel suggéré par P.I.Brönemark dans les années 1970-1980 préconisait une attente de 3 à 6 mois entre la pose de l'implant et celle de la prothèse. Cette technique montrant des taux de succès implantaires allant de 81% à 91% à la mandibule sur une période d'observation de 15 ans.

Afin de pallier les inconvénients inhérents à cette technique, nécessitant une deuxième intervention chirurgicale, et la gestion d’un appareillage provisoire souvent peu fonctionnel le temps de l’ostéointégration des implants, en 1999, Brånemark met en place le système Brånemark Novum. Son principe repose sur la mise en charge immédiate (MCI) de trois implants mandibulaires par une prothèse préalablement fabriquée et reliée aux implants par un système de double barre. Les taux de succès et de survie implantaire se sont révélés prometteurs [7-8] et ont ouvert la voie à d’autres auteurs.

En 2001, Chow propose le bridge Hong Kong, consistant en la mise en charge immédiate d’un bridge préalablement réalisé et rebasé directement en bouche. Les résultats ont donné un taux de survie global des implants de 98,3 %. [9] Puis, le concept All on Four de Malo est présenté pour la première fois en 2013 pour des MCI mandibulaires. Une prothèse en résine provisoire est mise en charge dans les deux heures suivant la pose. Les taux de survie des implants allaient de 96,7 à 98,2 %. La survie des prothèses était de 100 % et la résorption osseuse moyenne faible. [10] Il faut noter que, par définition lors de la MCI, la cicatrisation osseuse et la maturation gingivale ont lieu alors que les implants sont mis en charge.

DÉFINITIONS ACTUELLES
La définition de la MCI est toujours controversée, varie selon les auteurs et a évolué en fonction des différentes conférences de consensus depuis les années 2000. La dernière en date, la conférence de consensus de l’EAO, publiée en 2014 par Galucci et al, appelle mise en charge immédiate toute prothèse mise en charge pendant la semaine après la pose des implants. Une mise en charge dite précoce sera comprise entre une semaine et deux mois après la pose des implants, et la mise en charge est appelée conventionnelle après deux mois [11] ; (Schéma 1).

I) Particularités de la mise en charge immédiate chez l’édenté complet maxillaire

Historiquement, nous avons vu que la mise en charge immédiate a d’abord été réalisée à la mandibule. L’os maxillaire étant moins dense qu’à la mandibule, et les implants autrefois utilisés étant usinés et par conséquent peu rugueux, les bridges maxillaires totaux présentaient des taux de survie légèrement inférieurs aux bridges mandibulaires.
En effet, la stabilité primaire des implants étant une des clés de voûte de la MCI, nous comprenons aisément les dif- ficultés rencontrées autrefois au maxillaire. La mise sur le marché des états de surfaces implantaires rugueux ainsi qu’une macrostructure conique ont permis de proposer de façon plus sereine la MCI de l’édenté complet au maxillaire. Il convient toutefois d’utiliser des techniques de forages adaptées, et un nombre d’implants plus important. [5] C’est pourquoi nous recommandons au minimum 6 implants, répartis selon un tripode le plus large possible, et une stabilité primaire d’au moins 35N/cm.

II) Les différentes techniques de mise en charge immédiate

Les différentes techniques de MCI actuelles ont recours pour la plupart à une prothèse provisoire transvissée, facilement démontable. Les divergences principales se feront selon le type de réalisation directe (soudure en bouche [6], bridge préfabriqué rebasé en bouche) ou indirecte (réalisation après empreinte des implants).
Pour obtenir l’ostéointégration de l’implant en dépit des contraintes exercées durant la cicatrisation osseuse, il faut réduire l’intensité des forces et des moments exercés sur les implants. Solidariser les implants permet de diminuer les contraintes à l’interface de chaque implant et de neutraliser les moments de rotation. [3]
On peut rapprocher le principe de mise en charge immédiate avec le principe de fixateur externe de Ilirazov : il s’agit simultanément d’optimiser la stabilité primaire des implants et de minimiser ces contraintes. Ces efforts conjugués permettent de limiter efficacement les micromouvements à l’interface os-implant et d’obtenir l’ostéointégration. La fixation et la solidarisation des implants multiples par la mise en charge immédiate de la prothèse favorisent la cicatrisation osseuse. [4]
Malgré la définition retenue actuelle de la MCI, il nous semble important de mettre en charge le plus vite possible les implants, afin d’initier, lorsque c’est possible, dès le premier jour la cicatrisation muqueuse autour de la prothèse provisoire.
 

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